De referendum
Jusqu’à présent, l’approbation de la nouvelle Constitution bolivienne réalisée à Oruro n’a pas été ratifiée par un referéndum nacional. Les statuts autonomiques élaborés de façon très peu participative par le Comité Civique de Santa Cruz ont bien été, eux ratifiés par un referéndum le 4 mai dernier.
Ces statuts ne sont pas à comparer et à mettre au même niveau qu’une Assemblée Constitutante compte-tenu de la portée nationale et du contexte participatif dans lequel celle-ci fut réalisée: le “referéndum” organisé dimanche dernier n’est pas légal. Mais il n’est plus posible aujourd’hui en Bolivie de parler uniquement de la légalité d’un processus. La légitimité, c’est à dire l’aval populaire, d’une mesure, d’un processus électoral ou d’un mouvement est devenue tout aussi importante que sa légalité.
L’aval de 80% de la population du département de Santa Cruz à l’Autonomie proposée par ses élites met le MAS en difficulté, car les départements de Tarija, Béni, Pando (et sans doute plusieurs autres) suivront l’exemple de Santa Cruz dans les mois à venir. Et progressivement, il ne deviendra plus possible d’organiser le Referéndum d’approbation de la nouvelle Constitution (bien que ce sois encore la proposition de certains membres du gouvernement), qui prévoit une autonomie départementale plus faible que l’Autonomie telle qu’elle est conçue par les “départements autonomistes”.
L’impasse actuelle à mon avis est d’avoir pensé la Bolivie comme la scène d’une opposition entre deux régions, cultures, classes, ce qui conduit inévitablement à l’affrontement et à l’impasse. À Santa Cruz, La Paz, Oruro et dans tout le pays ce qui s’affronte ce ne sont pas des groupes ou des classes, ce sont deux systèmes sous-tenus par deux principes: l’échange et la réciprocité. Selon certains analystes, le problème de Santa Cruz est maintenant de faire face à une division interne entre ceux qui ont voté pour le Oui et ceux qui ont voté pour le Non ou se sont abstenus.
L’enjeu actuel, que ce soit en Bolivie ou ailleurs, est de parvenir à compatibiliser deux systèmes grâce à des mécanismes ou interfaces qui permettraient aux deux systèmes d’être reconnus, et au lieu de se freiner l’un l’autre, de prévoir des espaces, marchés différents (d’échange et de réciprocité), des espaces différents (mais pas des départements).