jueves, 9 de noviembre de 2006

Quel projet politique pour la Bolivie?

Le gouvernement actuel se caractérise par une grande diversité de tendances politiques, culturelles, professionnelles, socioéconomiques, etc. Certains analystes pensent pour cela que le gouvernement n’a pas d’idéologie claire, que ce serait plutôt un caléidoscope ou quelque chose de semblable. D’autres y reconnaissent un projet socialiste dans la continuité de Cuba. D’autres, enfin, y voient un projet de revendication ethnique...

Je pense que pour comprendre la Bolivie d’aujourd’hui, il faut dépasser les manichéismes avec lesquels nous avons lu la réalité bolivienne pendant longtemps (le débat : Indiens ou paysans ? des années 80, par exemple). Après tout, ne serait-il pas cohérent qu’une pensée politique binaire, et donc excluante, soit dépassée et mise en réserve par un président aymara ? La pensée binaire n'est-elle pas le propre de cet Occident qui pensa le monde à partir de d'antagonismes irréductibles?


Car les propositions du gouvernement montrent bien que nous sommes loin d’une vision réduccioniste : Etat Social Communautaire, réciprocité, redistribution, rotation des charges politiques, reconnaissance constitutionnelle de la Justice Communautaire, décolonisation de l’éducation, création d’entreprises communautaires. Ce sont bien sûr des concepts en construction, mais le fait de les inclure dans les plans officiels démontre déjà la volonté de construire un pays sur de nouvelles bases. Il est possible que certains membres du gouvernement n’approuvent ou ne comprennent pas cette inclusion d'institutions si étrangères au projet socialiste de type occidental, par exemple, et que ce processus soit l’objet de débats et conflits internes. Il n’en reste pas moins que la Bolivie est en train de combiner des traditions et systèmes issus de deux civilisations distintes : occidentale et amérindienne.


Si l’on prend l’exemple de la Justice, dont la ministre Casimira Rodriguez – quechua, ancienne employée de maison- se donne pour mission de lutter contre la corruption, en faveur de la «transparence » dans l'administration publique et de la reconnaissance de la Justice Communautaire, on se rend compte qu’il est possible d’articuler dans un même pays des traditions juridiques fort différentes, à partir, par exemple, de la délimitation des compétences propres à chacun de ces systèmes juridiques. Cette proposition, dont l’analyse et la rédaction sont déjà fort avancées, fait partie des enjeux de l’Assemblée Constituante.