L'Assemblée Constituante bolivienne est un espace de débat et de délibération entre représentants de partis politiques et d’organisations de la société civile, en vue de rédiger la nouvelle constitution du pays.
Quelques antécédents...
L’Assemblée Constituante représente un moment transcendantal dans la lutte des peuples originaires de Bolivie après plus de 500 ans de domination coloniale et néo-coloniale, de discrimination et d’exploitation.
Cette demande de « refondation » du pays à partir de principes d’inclusion, d’équité et de justice sociale, apparaît sur la scène publique en 1990, lorsque des dizaines de peuples de l’Amazonie arrivent au siège du gouvernement (La Paz) après une longue marche de plus de 500km, afin tout d’abord de faire connaître leur existence à la population urbaine de La Paz et du pays entier, qui ignoraient l’existence de tous ces peuples indiens et pour réclamer leurs droits la nécessité de réécrire la Constitution bolivienne. Cette « Marche pour le Territoire et la Dignité » (1990), a été suivie de la « Marche pour le Territoire, le Développement et la Participation Politique des Peuples Indiens » (1996), la « Marche pour la Terre, le Territoire et les Ressources Naturelles » (2000) et la « Marche pour la Souveraineté Populaire, le Territoire et les Ressources Naturelles » (2002).
Mais la réalisation actuelle de l’Assemblée Constituante a été possible grâce à l’élection de Evo Morales à la présidence de la République. Son parti, le Mouvement vers le Socialisme (Movimiento al Socialismo, MAS) n’est pas issu des mouvements indianistes qui se sont créés à partir des années 70 autour de revendications antiracistes et anticoloniales, mais du mouvement syndical paysan et, dans son cas, des mouvements syndicaux des producteurs de coca.
Inauguration de l’Assemblée Constituante en août 2006
L'Assemblée est composée de 255 représentants et représentantes, élu(e)s le 2 juillet 2006 parmi une liste de candidat(e)s de partis politiques et d'organisations de la société civile. L'inauguration de l’Assemblée Constituante a eu lieu le 6 août, jour de la fête nationale Bolivienne.
Le jour de l’inauguration de l’Assemblée, la présidente Silvia Lazarte –une ex-dirigeante quechua des producteurs de coca- a déclaré à la fin de son discours:
« La différenciation par la couleur [de la peau] est terminée, il n’y a plus de discrimination, à présent nous avons tous le droit de participer, par notre parole, à l’Assemblée Constituante. Je parle de tout cœur : il faut maintenir l’unité et nous allons démontrer que cela est possible à partir de la Bolivie. Le pays doit être un exemple. »
Un discours qui met peut être en évidence la préoccupation des femmes aymara et quechua pour l’unité, l’entente et, probablement aussi, la médiation.
Le travail des Assembléistes
Jusqu'à présent, les assembléistes ont rédigé environ 90 articles du Règlement de Délibération - une centaine d'articles au total- qui fixe le mode d’organisation et de fonctionnement de l'Assemblée. Après plusieurs mois de débats stériles entre représentants du MAS et de l'opposition, les assembléistes sont parvenus à une entente en vue d'accélérer l'élaboration de ce Règlement et de commencer la rédaction de la nouvelle constitution. Les articles les plus polémiques concernent les points suivants:
- Le caractère "originaire" et plénipotentiaire de l'Assemblée, qui se situe au-dessus des pouvoirs constitués, mais uniquement en vue de rédiger la nouvelle constitution. Elle ne pourra pas intervenir au sein des pouvoirs constitués.
- L'immunité des assembléistes.
- La quantité et le nom des commissions. Voici la proposition du MAS (21 comisiones): Vision de pays - Nationalités, nationalité et citoyenneté - Droits, devoirs et garanties - Structure politique et sociale plurinationale - Structure législative et Etat unitaire plurinational - Structure exécutive et Etat unitaire plurinational - Structure judiciaire et Etat unitaire plurinational - Autres organes de l'Etat - Autonomies, décentralisation et mise en ordre du territoire - Education interculturelle, science, langues, cultures et sport - Développement social; santé, travail et sécurité sociale - Hydrocarbures, mines et métallurgie - Ressources hydriques; Amazonie, ressources forestières et autres écosystèmes - Terre et territoire - Développement rural - Coca - Economique et financière - Sécurité nationale et relations internationales.